RESTRICA
RESTRICA (Regards sur les exils scientifiques contraints d’hier et d’aujourd’hui) est un projet de portraits photographiques mené en collaboration avec le programme PAUSE. Ce travail photographique et d’entretiens est coréalisé par le photographe berlinois Pierre-Jérôme Adjedj et Pascale Laborier, professeure de science politique à l’Université Paris-Nanterre.
Depuis décembre 2018, ces derniers rencontrent des chercheurs et chercheuses en situation d’exil contraint pour témoigner de leur expérience singulière. Ils contribuent par l’image et les mots à les rendre visibles et à témoigner de ce qu’ils ont perdu : des objets, des lieux, une maison, des amis, des collègues.
Démarche artistique
Qu’est-ce qu’un portrait qui chercherait à signifier l’exil, dont l’ambition serait de dépasser le constat ?
« Nous sommes partis de cette question simple, qui n’admettait de réponse ni simple ni unique. La réponse n’était pensable que dans le dialogue et la co-construction, nécessitait l’élaboration d’un processus de création ad hoc.
De cette réflexion préalable est sorti un procédé permettant de juxtaposer au visage des éléments (objets et photos) qui restituent l’histoire de la personne photographiée. Ces photos représentant le pays d’origine et le pays d’accueil et ces objets, personnels ou relatifs au domaine de recherche, sont mis en place ensemble dans le dispositif et superposés à la prise de vue (c’est-à-dire sans photomontage postérieur).
À chaque déclenchement de l’appareil correspond une tentative de créer par transparences un palimpseste où les différentes couches se répondent d’une façon dépassant ce que le photographe et le sujet avaient envisagé. La démarche a été répétée jusqu’à obtenir pour chaque personne “la meilleure des photos imparfaites”, comme un résultat éternellement provisoire. »
Pierre-Jérôme Adjedj et Pascale Laborier
Le documentaire « À bas les grillages »
Le 30 avril 2020 a marqué le 300ème jour d’emprisonnement en Iran de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah. Ce soir-là, le documentaire de Pascale Laborier « À bas les grillages » (2020), réalisé avec la participation de Pierre-Jérôme Adjedj et Béatrice Hibou, a été projeté en façade à Paris, dans le cadre du projet #chezmaddalena, en hommage à Fariba et à d’autres victimes des régimes dictatoriaux. #chezmaddalena est une initiative spontanée de projections murales réalisées depuis le logement de l’artiste Romina De Novellis durant le confinement lié à la pandémie de la covid-19 en France.
« À bas les grillages » traite de l’exil, de l’enfermement, des migrants, des chercheurs en danger, une longue séquence est dédiée à Fariba Adelkhah. Les photos du projet RESTRICA y sont également présentées.
L’exposition itinérante
« Poser pour la liberté : portraits de scientifiques en exil »
L’exposition « Poser pour la liberté : portraits de scientifiques en exil » a été lancée en janvier 2021 à la Cité du Design à Saint-Étienne. Elle a par la suite été installée dans diverses institutions universitaires en Allemagne et en France. En 2024, l’exposition intinérante s’est installée au Massasychets Institute of Technology, à Boston puis à la Faculté des Sciences et Ingénierie de Sobronne Université.
Le numéro spécial Hommes & Migrations
« Poser pour la liberté : portraits de scientifiques en exil »
En partenariat avec le journal Hommes & Migrations, un numéro spécial « Poser pour la liberté : Portraits de scientifiques en exil » a été publié en parallèle de l’exposition éponyme de portraits réalisés dans le cadre du projet RESTRICA.
Articles, témoignages et photographies retracent en images et en mots l’exil scientifique d’hier et d’aujourd’hui.
En faisant un don, vous pouvez contribuez à l’accueil de chercheurs et chercheuses en danger contraints à l’exil.
En contrepartie, recevez un exemplaire de ce hors-série.
Les auteurs de RESTRICA
Pierre-Jérôme Adjedj
Pascale Laborier
Pierre-Jérôme Adjedj est photographe et auteur. Il vit et travaille à Berlin, sur différents types de photos (portraits, villes, corps…), dont les dénominateurs communs sont un questionnement sur l’identité au sens large, et le rapport entre mémoire et histoire. Il a notamment conçu avec l’historien Nicolas Offenstadt l’exposition Éclats DDR/RDA Splitter, présentée en 2017 à l’Institut français de Berlin. Il présente en ce moment avec Amandine Thiriet À mur découvert ; installation multimédia (photo, vidéo, son, texte) à partir de témoignages de personnes ayant vécu le temps du mur de Berlin, dans le cadre du cycle 89 face au présent initié par l’Institut français de Berlin. Pour 2020, toujours avec Amandine Thiriet, il travaille sur Devenir 50 (titre provisoire), projet d’installation basé sur des témoignages de femmes de toute l’Europe.
Pascale Laborier est professeure de science politique à l’Université Paris Nanterre/Institut des Sciences sociales du Politique. Elle a dirigé le Centre de recherche pluridisciplinaire Marc Bloch à Berlin. Elle a publié sur les sciences camérales, la sociologie de Berlin (La Découverte 2016) et plus récemment sur la sociohistoire de l’exil académique contraint. Elle est Fellow de l’Institut Convergence Migration et en 2019/20, Senior Fellowship pour le Programme « Innovation through Migration » (GHI West, UC Berkeley). Dans le cadre de ses recherches personnelles et collectives (Projet LIBERADE/Liberté de la Recherche pour les Académiques en Danger et Émigrés financé par la COMUE UPL), elle réalise des entretiens et des vidéos déposés à La Contemporaine.